Fiction

Les yeux du Bayon

Inspiré de faits réels

7/09/2020

Depuis quelques jours, Vannak est fiévreux. Et les informations à la télévision sont formelles : on est au coeur d’une nouvelle épidémie mondiale. Alors Vannak fêtera ses 38 ans dans sa chambre, en visio avec sa famille dans le salon.

Chapitre 1 – Happy birthday, Vannak

Derrière la porte, je les entends se concerter à voix basse. Peut-être que j’exagère un peu. Précautions inutiles. Que je ne les embrasse pas d’accord, mais je pourrais quand même déjeuner avec eux. Après tout, c’est mon anniversaire.
C’est mon beau-frère qui a eu l’idée de Facetime. Jules m’appelle et, du fond de mon lit, je les regarde tremper les nems dans la sauce. Vientiane a voulu m’apporter à manger dans la chambre. Le ton de ma voix a été un peu sec. « Pas question, tu les mets devant la porte, tu recules, et je les prends.»
Le gâteau plein de crème et de fraises luisantes. Les bougies qui scintillent sur mon écran minuscule. Le traditionnel Happy Birthday, suivi de mon prénom, Vannak. L’excitation des enfants. Le pouce levé de ma soeur, les sourires. Je casse un peu l’ambiance en exigeant que personne ne souffle sur le gâteau à ma place, pas même les enfants. Jules retire les bougies allumées une à une. On fait comme si tout était normal. Les cadeaux bien emballés sont devant ma porte. Toute la famille s’est agglutinée dans le couloir. « Reculez un peu. » J’essaie de me filmer en train de déchirer le film plastique du DVD. « Diamond Island », le merveilleux film de Davy Chou, que je suis allé voir à Paris lors de sa sortie. Autre surprise : un livre de photos sur les temples d’Angkor. De quoi préparer mon voyage, j’espère en octobre, pour la Fête des Eaux.
Quand j’ai pris ma part de gâteau devant la porte, j’ai eu l’impression d’être dans un de ces films où l’on voit un prisonnier s’emparer tristement de l’écuelle tendue par son geôlier.

*

C’est étrange de rester cloîtré dans cette chambre alors qu’il fait si beau. Je ne suis pas le seul. C’est toute la France qui risque d’être enfermée. Il y a des rumeurs de couvre-feu.
Le papier peint est défraîchi, mes étagères débordent de bouquins, d’articles de journaux. Là où je vais m’installer, les murs seront de couleur saumon. J’aurai un bureau. Je m’achèterai un fauteuil chez Ikea, avec une liseuse pour lire le soir.
Cette petite chambre, je l’ai toujours connue. La vue n’est pas laide. Le square me paraissait immense, gamin. L’épicerie ouverte jusqu’à 22 heures a changé plusieurs fois de propriétaire. Il y a ces types qui tiennent les murs jusqu’à l’aube et qui semblent surveiller les allers et venues. La pharmacie, au bout de la rue, dont la patronne s’est faite assassiner juste avant la fermeture un samedi de novembre. C’est ma sœur qui m’a convaincu d’acheter un appartement. Je n’y songeais pas spécialement mais je me voyais mal, après le départ de mon père, occuper seul un HLM destiné à une famille.
Adieu le Val d’Oise, bonjour la Seine-et-Marne. Je vais vivre dans une ville nouvelle très jolie, environnée de lacs. J’ai ri en apprenant qu’il y avait un Tang Frères et un Paris Store. Vientiane m’a dit : « Si tu trouves enfin l’âme soeur, tu as toutes les écoles à cinq minutes de chez toi ! » Elle habite une grande maison dans un village proche. Je pourrai voir les enfants plus souvent. Je suis soulagé que mon père aille vivre chez eux.

*

Le président a finalement annoncé le confinement de toute la population. Pas de couvre-feu mais des restrictions, des autorisations de déplacement, le recours au télétravail.
C’est la première fois que j’ose prendre un arrêt maladie. Avec la toux que je traîne, on m’aurait sûrement traité comme un pestiféré au bureau ! Pourtant, j’ignore si je l’ai, le virus, puisqu’ils ne testent quasiment personne. A la télé, les médecins déconseillent le sirop. La ventoline ne me calme pas. J’en suis réduit à prendre du Doliprane qu’ils ont commencé à rationner. Je me sens un peu abandonné.

J’ai arrêté la radio, la télé. Trop anxiogène, trop répétitive. Plus grand chose ne m’intéresse.
Cette gêne dans la poitrine commence à m’inquiéter mais je n’en parle pas à mon père, déjà alarmé par ma toux incontrôlable. Je voudrais être un malade silencieux. Mais je tousse, je crache, je me mouche. Ça ne fait qu’un an que j’ai de l’asthme. Jusqu’ici, j’étais en parfaite santé. La faute à la pollution, a dit le médecin.
Vientiane m’envoie des textos plusieurs fois par jour. Je la rassure. Elle dit qu’elle passera me donner un thermomètre. Dans la chambre, je m’ennuie. Je pourrais enfin ouvrir ces bouquins que j’ai commandés sur Amazon. Le récit du père Ponchaud sur les Khmers rouges, la vie de Bouddha par Thich Nat Hahn, le roman de Marguerite Duras qui se déroule au Cambodge.
Je me suis intéressé assez tardivement au pays de mes parents. Peut-être que sans Charlotte, je n’aurais pas été pris d’une frénésie de lectures sur le Cambodge. C’était juste avant la naissance de Léa, la fille aînée de ma soeur. Je me rappelle de cette première conversation avec Charlotte dans un bar à tapas, au milieu d’amis communs. Elle me bombardait de questions sur le Cambodge, sur les Khmers rouges, Angkor Vat. J’étais incapable de lui répondre autre chose que des généralités. Piqué au vif, de retour chez moi, j’ai surfé dans les archives de l’INA, j’ai parcouru des dizaines d’articles. Je voulais être incollable pour notre deuxième rendez-vous. J’ai tenté d’interroger mon père sur sa vie au temps des Khmers rouges, la fuite de la famille, les quelques mois passés dans un camp de réfugiés. Un mur ! Il n’avait rien à me dire. Non pas parce qu’il ne se rappelait pas, ou parce qu’il cherchait à cacher les choses, mais c’est ainsi, mon père n’aime pas parler. Le peu que je sais sur ces années-là, je le dois à des cousins plus âgés, une tante, un oncle, mais ma faim de savoir n’a jamais été complètement rassasiée car ils sont avares de détails. Quelques temps après, Charlotte m’a emmené voir deux pièces, Cambodge me voici puis celle du Théâtre du Soleil, jouée en khmer par des artistes venus du Cambodge. Et là j’ai appris et compris certaines choses. Je me suis senti appartenir à une Histoire qui ne m’avait jamais été aussi clairement racontée.
L’un des livres qui m’a le plus touché, c’est celui de Christian Mey, L’Abnégation de ma Cambodgienne, l’histoire vraie d’un jeune Khmer qui a grandi dans les Pyrénées Atlantiques. Le gamin répond aux humiliations par la violence et finit par se construire grâce au rugby. J’en ai chialé. Peut-être parce que la mort de sa mère m’a rappelé la mort de la mienne. Peut-être aussi parce qu’auparavant je n’avais pas vraiment conscience de ce qu’avaient enduré mes parents en France. La solitude, la pauvreté. Il y a peu, voyant Vientiane coudre un de mes ourlets avec sa machine à coudre, je me suis rappelé soudain ma mère qui faisait des travaux de couture quand j’étais petit, la nuit, pour un homme qui venait chercher les vêtements au moment où on partait pour l’école. Le bruit lancinant me rassurait. Il paraît qu’elle a fait ça pendant des années, avec la machine à coudre professionnelle Singer dont Vientiane a appris, plus tard, à se servir.

Si ça se trouve, je vais vraiment mourir. J’ai de plus en plus de mal à respirer. Mais je n’ai pas envie d’aller à l’hôpital. Je revois maman dans sa chambre, son sourire qui se voulait rassurant, sa main dans mes cheveux. Et cette odeur âcre qui m’a longtemps poursuivi. Mais non, je ne peux pas mourir. Ce n’est pas dans mes plans. Il y a quelques semaines, je visitais des appartements avec ma soeur. Elle ne se laissait pas embobiner par les agents immobiliers. On a trouvé un trois pièces, avec un joli balcon. Vientiane ne lui a trouvé aucun défaut mais j’ai eu peur qu’il me passe sous le nez quand elle a exigé un rabais. Je m’y voyais déjà, avec des géraniums, un jasmin, peut-être même un olivier. Le compromis de vente signé, je suis repassé deux fois, après le travail, pour connaître le quartier. La station de RER construite sur un étang, les cygnes, les canards, la boîte à livres. Ma soeur était heureuse pour moi. « Je pourrais t’apporter à manger de temps en temps. Je te ferai du riz lok lak, du porc caramel » Avant Charlotte, j’ai fréquenté une fille. C’était à l’époque où j’étais retourné chez mon père. Je l’avais invitée chez nous. Quand elle a vu la barre d’immeubles, les types qui squattaient dans l’entrée, elle a été effrayée. J’imagine que ce n’est pas à cause de ça qu’elle m’a quitté mais, après, je n’ai plus jamais osé inviter une fille chez moi.

Pas dormi de la nuit. Trop de mal à respirer. Des angoisses terribles. J’ignore si c’est mon esprit qui ne va pas ou mon corps. J’ai pris de la ventoline. Le soulagement n’a pas duré. Putain de pollution de merde ! Putains de rejets d’usine, putains de voitures ! La canicule, l’été dernier, a déjà failli avoir ma peau. La barre du bus brûlait ! Mes poumons étaient en feu.
Je m’assois sur mon lit, le livre sur Angkor posé sur les genoux. Cette chambre est un nid à microbes. Je veux l’aérer mais dès que je me lève, la tête me tourne. Le square est fermé. Personne dans la rue. A l’heure du déjeuner, munie de son attestation, ma soeur dépose deux plats, l’un pour mon père, l’autre pour moi. Je ne sors de ma chambre que pour aller dans la salle de bains ou aux toilettes. Je préviens mon père à l’avance, pour qu’il s’éloigne. Je suis une grenade dégoupillée.
Je traîne sur Facebook. Je n’arrive pas à m’intéresser à ce que racontent les gens, leurs indignations, leurs angoisses. J’ai recherché Charlotte parmi mes contacts. Elle ne poste pas grand chose. J’aimerais lui dire que ce voyage au Cambodge, je vais le faire à la fin de l’année. Mais à quoi bon lui écrire ? On ne s’est plus parlé depuis qu’elle a rencontré ce type avec lequel elle a eu un enfant.
Je me recroqueville sur mes poumons douloureux. Seules m’apaisent les images du livre. Je compare les prix des billets d’avion. Singapore Airlines ? Malaysian Airlines ? China Airlines ? Les frontières sont plus ou moins fermées. Les avions ne volent plus. Avant le confinement, j’avais trouvé des prix intéressants chez Sovann Voyage. Charlotte a visité Angkor quelques mois après notre rencontre. Elle avait proposé qu’on y aille ensemble. Je lui ai dit que je n’étais pas prêt ! Quel imbécile ! J’avais peur d’être déçu. Qu’il soit trop tard. On m’avait dit que l’âme khmère était en train de disparaître, que le pays était colonisé par la Chine, que le dollar avait supplanté Bouddha. Charlotte était revenue du Cambodge enchantée. Elle m’avait rapporté un krama, l’écharpe khmère, et une petite sculpture en bois des têtes à quatre faces du Bayon.
A Angkor, elle avait rencontré un touriste français. C’est avec lui qu’elle a eu son enfant.

Chapitre 2 – Fraternité

Là, ça ne va plus.
Je ne peux rien avaler. Trop mal dans la poitrine, dans la gorge, à la tête, partout. Après l’anniversaire, j’arrivais encore à faire face mais là, c’est devenu insupportable. Il faudrait appeler le 15, pas d’autre choix. Mais je peux à peine parler et mon père n’arrivera pas à expliquer ce que j’ai. Vientiane est venue en catastrophe. Elle ouvre la porte de ma chambre. Le bas de son visage est entièrement caché par un krama. Je ne vois que ses yeux inquiets derrière ses lunettes. Elle ne fait aucune remarque sur le désordre, la corbeille à papier qui déborde de sopalin souillé de morve. Elle appelle les urgences. Le 15 ne répond pas. Elle retourne dans le salon pour recharger son portable. Je l’entends qui peste : « Et si c’était une crise cardiaque ! Il aurait le temps de mourir ! » Mon père n’a entendu que le dernier mot.
— Il va mourir ?
— Non, papa, je parlais d’autre chose. Il faut qu’un médecin l’examine. Là, il est dans un sale état. »
A force d’appeler, elle finit par obtenir les urgences. Elle court dans ma chambre, met le haut parleur. Un type me parle au téléphone. Une voix agacée. On a l’air de le déranger. Vientiane tient le téléphone d’une main et appuie le krama sur sa bouche avec l’autre. Le type s’impatiente. Il ne comprend pas ce que je dis. La vérité, c’est que je n’arrive plus à parler. Les urgences ne peuvent pas se déplacer pour l’instant, dit le type. Selon lui, mes difficultés respiratoires ont l’air ok. Ils ont une liste de gens prioritaires et je n’en fais pas partie. La colère de ma soeur, je la sens dans sa voix, je la vois dans son regard. Pourtant, elle parvient à se dominer.
« Alors ? », demande mon père.
« Ils ne se déplaceront pas.
— C’est à cause de l’adresse. Le quartier a mauvaise réputation. Les pompiers se sont encore fait agresser la semaine dernière.
— Mais non, ils sont débordés.
— On aurait dû déménager il y a longtemps. La ville n’était pas comme ça quand on est arrivés.
— Tu ne vas pas remettre ça.
— Quand je suis arrivé en France, je ne savais pas qu’il y avait des bons et des mauvais quartiers. Pourquoi j’ai choisi cette ville ? A cause de moi, ils ne veulent pas venir soigner mon fils. »
Je voudrais dire à mon père d’arrêter de culpabiliser, dire à ma soeur qu’après tout mon état n’est sûrement pas si grave. J’ai juste besoin d’un médicament qui m’aiderait à respirer. J’étouffe. J’ai mal. Putain de merde, pourquoi c’est à moi que ça arrive ?
« Ce qui m’écoeure » dit brusquement ma soeur, « c’est que le moindre député est testé ! Nous, en banlieue, on peut crever. »

« Vannak ! » Elle a laissé échapper un petit cri. Je lui souris pour tenter d’atténuer l’effet que je lui fais. Ne pas tousser, masquer la douleur. Mais mon front est trempé. La vue de son krama sur sa bouche et son nez me donne envie de pleurer. Elle a trois enfants. Je ne veux plus qu’elle s’approche de moi. Je lui fais signe de reculer avec la main. Elle retourne dans le salon. Les urgences répondent au bout de quinze minutes. Quinze minutes ! C’est peut-être pour ça qu’on appelle ça le 15.
Vientiane ne cache plus son angoisse. Le ton de sa voix est plus affirmé. Peut-être a-t-elle compris que son amabilité, la première fois, a été contreproductive.
Entre deux quintes de toux, je l’entends décrire mon état à une femme qui accepte de me regarder en video, via Whatsapp. La connection est bonne. Vientiane pénètre à nouveau dans ma chambre, je ne peux m’empêcher d’avoir un peu honte d’être observé au milieu de ce bordel. La dame m’interroge mais aucun son ne peut sortir de ma bouche. Croit-elle que je simule pour attirer son attention ? Après un silence de quelques secondes, elle finit par lâcher : « Je vous envoie une équipe. J’espère qu’ils ne se déplaceront pas pour rien. » Je sens Vientiane à la fois soulagée et angoissée. Dans le couloir, mon père parle à moitié en khmer, à moitié en français. Il a l’air de complètement débloquer. Je m’inquiète pour lui. Vientiane ne peut s’empêcher de faire un ménage rapide dans ma chambre, referme la porte puis attend avec mon père. Trois heures plus tard, ils arrivent au pire moment. J’étouffe, j’étouffe, j’ai l’impression qu’on me plonge la tête sous l’eau.
Quatre hommes entièrement recouverts de plastique, le visage protégé par un masque. L’un d’eux m’examine. J’entends le mot « Détresse respiratoire » puis « On l’emmène » et enfin « Vous pouvez marcher ? ». On est au onzième étage. L’ascenseur fonctionne mais il est trop petit pour une civière. Ils m’aident à me lever. Je suis faible, j’ai tant de mal à respirer, que je ne peux tenir debout tout seul. L’un d’eux explique qu’ils risquent de me garder un moment et que les visites seront interdites. Avant de quitter ma chambre, je regarde une dernière fois la petite sculpture en bois du Bayon offerte par Charlotte.
Les portes des voisins s’entrouvrent sur notre passage. Je n’aime pas être remarqué. Nous avons toujours été très discrets dans l’immeuble. J’imagine les gens affolés. Il y a le virus à l’étage. Ils ont peur d’être contaminés. Je ne suis plus que ça, un virus. C’est comme si on venait de m’arrêter pour meurtre.
Les hommes me soutiennent. Ils m’encouragent, ils sont doux. Je voudrais leur dire que je suis désolé de les avoir dérangés. Quand ils m’allongent dans le camion, et qu’ils me mettent le masque à oxygène, je me sens un peu mieux.

Des types en scaphandre dans le couloir désert. Des infirmières et des aides soignantes masquées, avec des lunettes de protection, des charlottes sur la tête. J’atterris dans une chambre qui vient d’être désinfectée. Je me déshabille entièrement. On m’informe que mes vêtements seront détruits. J’ai enfilé la petite blouse déshumanisante. J’apprends à pisser couché, dans un récipient en plastique.
Radios, scanners, prises de sang, goutte à goutte. Je suis épuisé.
Vientiane a eu la présence d’esprit de me donner un chargeur. Je lui envoie des textos rassurants et même un peu humoristiques. Ce qui est fou, c’est que je suis dans l’hôpital où je suis né. Je le dis à une aide-soignante dont les yeux se plissent, ce que j’interprète comme un sourire puisque le bas de son visage m’est dissimulé par un masque. Je décide que je serai un malade exemplaire. Je ne me plaindrai pas. Je resterai toujours souriant, quoi qu’il arrive.
La grande douceur de ces femmes qui m’entourent me frappe. Professionnelles, elles font ce qu’elles ont à faire mais toujours avec un mot gentil. Je n’ose pas les interroger, de peur de passer pour un enquiquineur. Je leur fais confiance. Le médecin passe lire les résultats, me pose des questions auxquelles je réponds par un mouvement de la tête. Il a l’air particulièrement fatigué.

Ils m’ont raccordé à une machine, ces fameux respirateurs dont ils parlent à la télé. Le médecin appelle ma soeur devant moi. Il explique qu’il va essayer de me transférer dans un hôpital parisien qui a des machines plus performantes. Ici, dit-il avec des regrets dans la voix, ils avaient sept respirateurs dernier cri mais ils ont tous été réquisitionnés et installés dans deux hôpitaux parisiens. Ordre du gouvernement.
J’ai été testé. Bingo ! Au moins, il n’y a plus de doute. J’ai le virus.
J’ai refusé la télé. Si je veux guérir, il ne faut pas que je regarde BFM.
Parfois, une aide soignante appelle ma soeur avec mon portable. Elle me parle en vidéo via Whatsapp mais je ne peux pas lui répondre. J’espère que mon père ne me voit pas, avec ces tuyaux et les appareils électroniques. Je dois avoir l’air d’un robot. Ma soeur ne parle pas longtemps pour ne pas déranger l’aide soignante. Elle n’ose pas m’interroger sur ma santé. Je suppose que le personnel soignant lui fait un compte-rendu régulier. Elle me montre un dessin fait par Léa, sa fille aînée. Des chats, des lapins, des coeurs, et un «Je t’aime Tonton» qui m’arrache une larme. Pour signifier à ma soeur que je suis content de son appel, je lève le pouce, comme si j’étais sur facebook.

Une infirmière m’apporte du couscous qu’elle a réchauffé au micro-onde. Des femmes de la ville, de simples citoyennes, ont décidé de se relayer pour nourrir le personnel soignant et les malades. Elle m’aide à m’adosser à mon oreiller, me libère de mon masque à oxygène. Je n’ai pas très faim mais je mange un peu. Dieu merci, je n’ai perdu ni le goût ni l’odorat. Ce couscous est tout simplement divin. J’y sens tout l’amour de ces femmes qui l’ont cuisiné à la maison. Ce n’est pas un plat venant d’un restaurant, c’est un plat cuisiné dans la cuisine d’une famille que je ne connais pas. Mes copains marocains et algériens me faisaient rire, à l’école, quand ils juraient tous la main sur le coeur que le meilleur couscous du monde, c’était celui de leur mère ! La gentillesse et la fraternité que je ressens en cet instant sont un contrepoids à la maladie. Jamais je n’oublierai ces femmes qui grâce à leur couscous, m’ont fait entrer dans leur famille.

On m’a fait des piqûres pour atténuer la douleur dans ma poitrine. Cela a pour effet de me faire somnoler une partie de la journée. Ils m’ont couché sur le ventre. Mon esprit flotte, entre deux eaux. J’ignore pourquoi mais je revois des photos de nous deux, Vientiane et moi, des photos d’école. Elle était fière d’expliquer que son prénom était la capitale du Laos. Ma mère nous avait expliqué qu’à leur arrivée en France, mes parents avaient été secourus par un Laotien : c’est lui qui avait trouvé un travail à mon père. Quand ma soeur est née, ils ont trouvé normal de lui montrer ainsi leur gratitude. Comme j’ai demandé pourquoi on ne le connaissait pas, j’ai compris que mes parents, pour d’obscures raisons, avaient fini par se fâcher avec lui.
Pour me donner du courage, j’essaie de visualiser mon nouvel appartement. Le vendeur m’a dit que je pourrai acheter les combles et les faire aménager. Je passerai alors d’un trois à un cinq pièces ! Depuis que je suis enfant, je fais régulièrement le même rêve : je suis dans l’appartement familial et j’explore chaque pièce quand, soudain, je découvre une porte. Ma joie est impossible à décrire, entre grâce et illumination, lorsque, dans mon rêve, je découvre une pièce nouvelle, ignorée de tous. 
Sensation de brûlure dans la poitrine. Pour rejeter l’oppression qui me submerge chaque jour un peu plus, je convoque le passé ou le futur. Le présent me fait horreur. Je veux que mon esprit soit plus fort que mon corps.
Je pense à Charlotte. Elle me racontait qu’elle n’était pas croyante mais qu’elle avait quand même besoin de spiritualité. Selon elle, l’univers était régi par un ordre. Le squelette humain, la forme des pétales, la force d’attraction, la circulation des idées depuis les débuts de l’humanité. Elle disait que chaque vie est nécessaire. L’abeille bien sûr, mais aussi la guêpe ou cette saleté de moustique. Même celui qui ne trouve pas un sens à son existence est là pour quelque chose. Elle croyait que tous les hommes sont reliés les uns aux autres sans le savoir. Elle aimait bien me parler du père de son arrière-grand-père, un instituteur de la IIIe République qui a apporté ses lumières à des générations de petits paysans. Elle me disait : « Parfois, quand je croise un inconnu dans le métro, je me dis que sa vie ne serait pas la même si son ancêtre n’avait pas appris à lire et écrire avec mon aïeul. » Je me rappelle lui avoir dit : « En fait, on est tous frères, si je suis ton raisonnement. » Elle avait souri : « Oui, je le crois. » Charlotte m’avait offert des bouquins sur Orphée et Pythagore. Elle s’intéressait à la Grèce antique, à l’Egypte, au Moyen Age. Le temps a passé et je regrette de pas les avoir lus. Ses conversations me manquent.
Charlotte a raison. Le virus circule de main en main, de bouche en bouche, de nez en nez. Le virus prouve qu’on est tous frères.

Chapitre 3 – Le voyage immobile

J’étouffe. 
J’entends les aides soignantes parler entre elles. Le médecin harcèle l’hôpital parisien pour que je sois transféré. Une infirmière s’invite dans la conversation. « C’est quand même dégueulasse. Ils nous ont pris les meilleurs respirateurs. Et c’est nos patients qui ne sont pas soignés ! » D’après ce que j’ai compris, je n’ai pas droit d’être transféré à Paris parce que je ne suis pas assez malade. 
Une autre infirmière me parle doucement. Je ne vois pas son visage, puisque son nez et sa bouche sont masqués, je ne vois même pas ses yeux à cause de la buée de ses lunettes, mais je suis touché par la grande douceur de sa voix. 

Je n’ai pas l’énergie de regarder facebook. Pourtant, voir défiler les photos de fleurs et de chats me ferait du bien. 
Je me noie. 
Quel jour sommes-nous ? Quelle heure est-il ? Les aides-soignantes se relaient pour me passer ma soeur ou son mari. Vientiane me dit : « Ton patron a appelé pour savoir comment tu allais.  » 
Elle m’appelle si souvent qu’elle ne sait plus quoi me dire. Son angoisse, elle essaie de ne pas laisser transparaître, mais je sens qu’elle se retient de pleurer, de hurler son désespoir et sa rage. L’aide-soignante a pris le téléphone. Je l’entends dire des choses agréables sur moi. Courageux, gentil. Elle ajoute : «On est révoltés madame ! C’est pas normal ! Il est jeune ! Le directeur de l’hôpital a appelé en personne mais Paris ne veut toujours pas le prendre en charge.»

Bien que mon esprit soit embrumé, je prends de bonnes résolutions, comme pour le nouvel an. Certains veulent manger moins, arrêter de fumer. Moi, si je m’en sors, je boirai du bon vin. Un ami m’a fait goûter des vins sans sulfite. Il m’avait dit : « Tu verras, ça ne te rendra pas malade. » Des petits producteurs qu’il connaissait personnellement. Rien bu d’aussi bon. Je dégusterai du champagne aussi, un bon Ruinard pour fêter mon retour. 
Pourquoi ce délire sur le vin ? Mon esprit va où il veut, je ne le contrôle pas. 
J’achèterai du café en grains et une machine pour le moudre. J’essaierai de trouver un boucher et je mangerai de la bonne viande : de l’aubrac, de la salers, de l’angus. La vie est courte, autant profiter des bonnes choses !

Et puis, je m’inscrirai aux cours de danse de la Maison du Cambodge. A moi la danse du singe et la danse du paon ! Un week-end sur deux, j’irai en province. Saint-Malo, Houlgate, Dinard, Dinand (je les confonds tout le temps), La Rochelle, Biarritz. Et Marseille ! 
J’ai 38 ans et je ne suis encore jamais allé à Marseille. 

Je me plongerai dans les classiques. Homère, Dante, Cervantès, Shakespeare, Racine ! Je veux progresser, m’élever, découvrir le beau. J’aimerais faire part de mes projets à Charlotte mais j’imagine qu’on ne déboule pas dans la vie d’une mère de famille avec un tuyau dans la bouche et une perfusion dans le bras. Si  mon esprit pouvait rencontrer le sien sans passer par le téléphone, le métro, Internet… 

Je me grise de toutes mes envies. 
Si seulement, je pouvais respirer. 

Il y a quelqu’un qui m’aimera quand je sortirai d’ici. Une femme qui ne sera peut-être pas la plus belle, pas la plus jeune, mais qui aimera rire, manger, boire, faire l’amour, qui aimera la vie.  (Penser à m’inscrire sur Tinder.)

Vision surréaliste. Une infirmière enveloppée d’un sac poubelle. Elle m’explique que les nouvelles blouses tant attendues n’arriveront pas avant deux jours. 

De l’air, s’il vous plaît, de l’air ! 
Je n’ai jamais eu autant de désirs, de projets. J’ai passé ma vie à attendre. J’ai rarement décidé quoi que ce soit.
Je fuirai les imbéciles, les donneurs de leçon, les égocentristes. Mes meilleurs amis seront des gens que je ne connais pas encore. 
J’arrêterai les débats stériles. 
J’irai vers l’inconnu. 
J’offrirai des livres aux enfants de Vientiane.
A ma soeur, j’enverrai des arbres.

Je quitterai mon travail qui ne m’a jamais intéressé. 

Si je pouvais parler, je dirais aux aides-soignantes et aux infirmières que je les aime, qu’elles sont pour moi la quintessence de l’humanité.
A la naissance de ses trois enfants, Vientiane m’a dit avoir été émue par toutes ces femmes qui l’avaient entourée de soins, elle, et ses bébés, sage-femmes, puéricultrices, infirmières. 
Je n’avais jamais passé une nuit à l’hôpital. On s’occupe de moi comme si j’étais l’être le plus important au monde. Les infirmières et les aide-soignantes n’ont pas peur de moi, ne montrent jamais que je pourrais les contaminer. Pourtant, je sais qu’elles manquent de tout. Leurs masques sont distribués au compte-goutte. Elles dorment à peine. Il paraît que certaines ont dû quitter leurs proches par crainte de les contaminer. Elles font leur travail avec une conscience qui m’émeut. Je suis trop fatigué, sinon je les applaudirais tous les soirs à vingt heures, moi aussi. 
Je vous aime et si c’était possible, je vous embrasserais.

Je lirai Rabelais aussi. Et puis Casanova. Je m’attaquerai à James Joyce et Proust, Virginia Woolf et Malcom Lowry, auteurs réputés difficiles. 
Je ne râlerai plus jamais. 
Je remercierai la vie. 

J’emmènerai mon père au Cambodge. Je lui offrirai un cinq étoiles.
Je prendrai un chien, un chat. J’apprendrai la musique. 
Je demanderai à mon père de me raconter sa jeunesse. 

Mon doigt sur le bouton d’appel. Je fais signe à l’infirmière de mettre la machine au maximum. J’ai besoin d’oxygène ! Elle me regarde, désolée. 

Charlotte voyage-t-elle toujours autant maintenant qu’elle a un enfant ? Avant de partir au Cambodge, elle m’avait raconté sa façon à elle de voyager. Elle appelait ça le voyage immobile. Après avoir parcouru un site, elle revenait vers celui qui l’avait le plus marqué, de préférence tôt le matin ou en fin de journée, quand les visiteurs étaient peu nombreux. Puis elle s’asseyait. Et elle regardait, respirait. Elle s’imprègnait du lieu. Elle entrait comme en osmose avec les éléments. Elle ne prenait pas de photos, pas de notes, coupait son téléphone. Elle se contentait d’observer, d’être dans l’instant présent. 

Dans le Bayon, ce temple dont les tours aux quatre visages sont tournées vers les quatre points cardinaux, elle avait effleuré la pierre avec ses yeux, ses doigts, son nez, ses oreilles. Une heure, deux heures. Le temps n’avait plus d’importance. Elle m’a dit s’être sentie en communion avec les êtres qui avaient façonné ce lieu. Traversée du temps. Voyage de l’esprit. Des touristes arrivaient, seuls ou en petits groupes, puis disparaissaient comme des ombres chassées par des nuages. Elle, demeurait sur place. Quand elle a fini par se lever et dit adieu au Bayon, le temple était encore présent en elle. De retour à Paris, il lui suffisait de le décider, et elle retrouvait l’harmonie de ces visages immenses. Absorbée par le divin, elle était capable de se transporter vers les lieux qu’elle aimait, par la pensée. Charlotte m’a assuré que je s’en serais capable, moi aussi, si je le voulais vraiment. Quand elle me parlait, j’étais enveloppé par le sourire bienveillant des visages aux yeux mi-clos. Sensation pareille à ce rêve où je poussais une porte.

Mon ouïe est beaucoup plus fine depuis que je suis confiné dans cet hôpital trop silencieux. Quand je relève la tête, j’aperçois des scaphandriers qui poussent des hommes recouverts de plastique, allongés sur des brancards ou assis dans des chaises roulantes. Si ma famille me voyait, avec les tuyaux, les machines avec leurs chiffres qui scintillent, ils frémiraient d’horreur. Mais moi je ne me vois pas. Je suis ailleurs. Je parcours le monde. Bientôt, je serai au pied du Bayon. 

Dans le couloir, le médecin ne cache pas sa colère. L’hôpital parisien ne veut plus me recevoir maintenant car mon état est jugé trop grave ! Il y a quelques jours, je n’étais pas assez atteint. Je l’entends exploser. « Ce n’est pas le virus qui tue ! C’est la gabegie ! L’imprévoyance ! C’est une honte. » Puis, plus bas (mais je l’ai entendu), il semble parler de moi : « Cet homme n’a pas de relations hauts placées. Je sais que des malades ont obtenu un transfert parce que quelqu’un a passé un coup de fil. J’en peux plus ! J’en ai marre ! Je n’ai pas signé pour ça ! » 

L’infirmière très douce, celle dont je n’arrive pas à voir les yeux, m’a annoncé que j’allais être plongé dans un coma artificiel. 
Pendant combien de temps ? Je n’ai pas pu poser la question. 
Ma soeur est prévenue. On attend qu’elle m’appelle avant de m’endormir. 

La voix de Vientiane. L’angoisse qui perce derrière ses mots rassurants et ses encouragements. Elle me dit qu’elle m’aime. L’heure est grave pour qu’elle ose dire cela. Dans la famille, on est pudiques. On ne se dit jamais ce genre de choses. Son « Je t’aime »  sonne comme un adieu. 

Une sensation de chaleur passe par mon bras, ma poitrine. Le mot « coma » m’évoque cet homme endormi sur un lit pendant des années, objet d’une bataille entre ses proches dont les uns voulaient le débrancher, les autres l’empêcher de mourir. Est-ce que je vais devenir moi aussi, un corps qui dort, juste un corps, avec un esprit parti dans un monde incertain ? Avant de m’endormir, j’essaie de plaisanter. Je demande à l’infirmière si elle a vu Hibernatus. Ma voix est étrange. Je pense que mes pensées ne sont plus capables de se transformer en paroles. Elle secoue la tête, évitant de me dire que de ma bouche ne sont sortis que des borborygmes. J’espère qu’à mon réveil, le monde sera réparé.
Tout est flou. Je ferme les yeux. Les voix s’effacent. J’ai envie de vomir. Ma vie est passée trop vite.

Mes yeux sont clos mais j’ai l’impression de continuer à voir à travers mes paupières. Mon esprit flotte dans les couloirs de l’hôpital, visite les autres chambres, puis sort par une fenêtre ouverte. La ville est vide. Les choses ne sont pas comparables mais je songe à Phnom Penh que les Khmers Rouges avaient entièrement vidée de ses habitants en 1975. C’était comme si je pilotais un drone ou si je jouais avec Google Earth. Je flotte au-dessus de l’hôpital. Je zoome sur une petite étendue couverte d’herbe et d’arbres. Les tulipes sont en fleur mais je dois être le seul à le savoir. Des lapins gambadent dans l’herbe ! 
Des voix qui murmurent près de moi me ramènent illico dans la chambre. 

Le temps n’existe plus. J’ai beau me savoir endormi, j’ai l’impression d’alterner des périodes de veille et de sommeil. Je rêve puis je fais des cauchemars.

Les voix parlent de moi. Le vocabulaire est trop médical, je ne comprends rien. 
Je sens des parfums, celui des infirmières et des aide-soignantes. Je sens l’odeur des repas qu’on sert dans les chambres d’à côté, du café qu’on distribue le matin. Je sens l’éther, je sens la mort. 
La voix de ma soeur au téléphone. Celle d’une infirmière qui lui parle avec un ton plein de compassion. « S’il se réveille, les séquelles seront lourdes. Il n’aura plus jamais la même vie. »

Je continue mes voyages. Chambres, tulipes, lapins. Mon drone ne vole pas très loin. J’aurais aimer le piloter jusqu’au quartier latin. Rue Mouffetard. C’est là qu’elle a emménagé avec son type et son enfant. Comme tous les Français, Charlotte est enfermée chez elle. Confinée. Quel drôle de mot. Je l’imagine regardant par la fenêtre, légèrement inquiète, avant de se remettre à pianoter devant son ordinateur. Comme j’aurais aimé te revoir, Charlotte. 

Une voix blanche. Celle de ma gentille infirmière. 
« Dans une heure. Je suis désolée. Vous ne pourrez rester que cinq minutes. Le protocole est très strict. » 

Une aide soignante. 
« La soeur va entrer. Quelqu’un s’occupe du père qui s’est évanoui dans le couloir. »

Je sens son ombre sur moi. Cette fois, l’émotion de Vientiane est trop forte. Elle ne masque plus son chagrin. Elle déborde d’amour et de tristesse.

« Tu vas rejoindre maman. Serre-la dans tes bras et dis-lui qu’elle nous manque. Les enfants vont grandir sans toi mais tu seras présent, toujours avec nous. Tu seras toujours mon petit frère. »

La voix chevrotante de mon beau-frère est recouverte par les pleurs de ma soeur.  

Je revois la petite statue en bois du Bayon dans ma chambre. Le cadeau de Charlotte.

Je voyage, d’appartement en maison, je survole les montagnes et les océans.

Une porte. Je la pousse. Je découvre, sous un ciel sans nuage, des temples dont les murs sont mangés par la végétation. 

Le Bayon s’élève là. Je monte quelques marches, seul. Je contemple les visages tournés vers les quatre points cardinaux. 

Je touche la pierre. Je m’assieds au pied d’une des tours visages. 
Le vent embrasse mon visage. 
Douceur. 
Ces visages semblent fermer doucement les yeux.

© photo : J.-B. Phou

Explorer

Fiction / Mini-série 66 min.

Nos destins sont liés

Rêver sa vie ou vivre ses rêves ? Salem, Lisa, Ronnie, Matthieu et Lisa ou les destins croisés de la jeunesse du Grand Paris

écouter
Fiction 15 min.

Le deuxième cercle de l'enfer de Dante

Miriam est morte. Ça, au moins, elle en est sûre. Elle a eu un accident alors qu'elle était en voiture avec quelqu'un. Quelqu'un … Oui, mais qui ?

écouter
Fiction 20 min.

Messages privés

Le couple de Florent et Laura s'étiole. La routine s'installe et Florent se réfugie dans son travail d'illustrateur. Un jour, il est contacté sur Instagram par Marion, qui admire son travail. Quand il lui répond, Florent entre dans un jeu dangereux...

écouter