Fiction

Je suis tombée amoureuse de ton linge sale

Inspiré de faits réels

31/05/2022

Ce job d'employée de pressing est ce qu'il y a de plus ennuyant. Pour s'occuper, Dolores imagine des vies aux inconnus qui portent les chemises qu'elle s'emploie à laver. Au point de tomber amoureuse de l'un de ces inconnus. Il faut alors tout faire pour le retrouver.

Du détachant.

Frotter.

Machine à laver.

Patienter.

Adoucissant.

Recommencer.

Sèche-linge.

Qui tourne, tourne, tourne.

De la vapeur partout.

Les yeux secs.

Frotter, frotter, frotter.

Odeur de lavande industrielle.

J’éternue.

La bouteille aussi.

Cintre.

Bien ajuster.

Housse plastique.

Emballer.

Étiqueter.

Vérifier.

Replacer le tout sur le convoyeur qui tourne avec l’arrivée des clients, à chaque seconde de chaque jour, faisant défiler tache de vin sur une chemise blanche, trace de rouge à lèvres sur le col, marque de craie blanche sur le pantalon noir moulant de cet homme.

Cet homme.

Avec ces indices, je suis sûre qu’il est prof. Un prof d’université, en mesure de s’offrir un costume en lin qui coûte au moins mille balles et à qui ça ne pose aucun problème d’y renverser du Cabernet Sauvignon tous les mardis (le costume est déposé chaque mercredi avec sa tache pourpre à la forme abstraite). Cela se passe sans doute dans un resto quatre étoiles quelconque, juste ici dans le quartier de Jardins, en compagnie des femmes aux lèvres tantôt fines tantôt pulpeuses, ourlées de Rouge-à-croquer ou Nude-pas-nue. Je le sais parce que je possède chacun de ces rouges à lèvres qui apparaissent aux endroits les plus obscènes de ses chemises en chambray. Non pas que je passe mon temps à baiser à droite à gauche.

Ce n’est pas comme si j’en avais l’occasion.

Pas comme si j’avais déjà vu le visage de cet homme de manière à légitimer mon (« intense », d’après Jinho au sèche-linge) enquête de deux mois pour répondre aux questions qui, comment, où et pourquoi. Mais si je vous disais que les vêtements sales de quelqu’un en disent plus long sur lui qu’un dîner aux chandelles (il y a toujours des traces de cire sur son pantalon), me croiriez-vous ? Non pas que j’ai déjà dîné aux chandelles. À moins de compter la fois où le courant nous a lâchés dans le food truck à pizza en cornets de ma tante.

Ale Carvalho. Nettoyer tous ces vêtements avec des produits chimiques a réduit mon espérance de vie d’au moins 15 ans. Pourquoi ne peut-il pas venir les chercher lui-même ? C’est toujours cette fille mince aux cheveux lisses qui vient les récupérer et régler la facture exorbitante, laquelle me rapporte peut-être autant que gagnent ces types en vendant des bouteilles d’eau et des bonbons douteux près du feu rouge de l’avenida Tiradentes l’été, en un jour aussi moite que le ventre d’Ivete Sangalo sur la pochette de cet album de Banda Eva. Vous vous souvenez des années 90 ? L’époque où les canons de beauté étaient encore atteignables sans la chirurgie esthétique – non pas que j’ai déjà été aussi mince que ça.

Est-ce pour ça qu’Ale Carvalho ne vient jamais chercher ses vêtements lui-même ? Il part du principe que des filles travaillant dans une blanchisserie ne pourraient jamais arriver à la cheville des anciens mannequins Gucci avec qui il a l’habitude de sortir ? Quel connard. D’abord parce que leurs vêtements sont super emmerdants à nettoyer, et ensuite parce que les ex-mannequins, qui prennent leur retraite à 25 ans parce qu’elles ont atteint un âge que de vieux types qui se disent photographes considèrent avancé, doivent bien trouver un moyen de gagner leur vie. Surtout celles qui ont arrêté leurs études à 14 ans pour aller vivre dans la même pièce que quinze autres filles qui s’affament. Ou bien pense-t-il qu’elles peuvent gagner leur vie en tournant dans des publicités pour cosmétiques bon marché qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’adoucissant rose que j’ai un jour mélangé avec du détachant en poudre orange avant de le boire essayer de me faire planer avant le boulot ?

Malheureusement, non, je n’y ai pas succombé, et au coronavirus non plus d’ailleurs.

En revanche, ce qui y a succombé, ce sont toutes les taches rougeâtres sur les boxers 100% coton d’Ale Carvalho, taches que j’essayais (sans succès) d’éliminer depuis des mois. Non pas que mon but dans la vie soit de nettoyer les caleçons d’un intello prétentieux et plein aux as, mais disons que quand on a un job aussi barbant que le mien, le moindre défi devient à mes yeux aussi excitant qu’un plateau de Caldeirão do Huck sous les projecteurs. Êtes-vous capable de faire disparaître des hémorroïdes sur des sous-vêtements ? Si l’émission a pour spécialité d’humilier les gens pauvres, alors je suis candidate. Les hémorroïdes, c’est quand les veines de l’anus se dilatent, saignent et provoquent une douleur atroce. Ça vient sûrement du stress causé par des journées passées le cul vissé sur une chaise, à corriger des milliers de copies ou préparer des centaines de cours. Ça devrait me passer au-dessus, pas vrai ? Je sais. Jinho me le dit tout le temps, mais… des hémorroïdes. Ce pauvre prof. Et les siennes ne sont pas de simples hémorroïdes. Non madame, elles sont bien grosses, du genre qui fait tellement mal que les taches ressemblent à des taches de règles.

Trop intime ? Ce qui est intime, c’est de nettoyer les sous-vêtements d’un homme que je n’ai jamais vu de ma vie mais dont je sais tout. Ale Carvalho connaît-il au moins le nom de la personne qui a battu tous les records en faisant partir les taches laissées par sa précieuse anatomie en 30 secondes seulement ? Dolores Ribeiro. Alias la nana n°3 de la blanchisserie. Alias moi. Moi, qui sais que dans chacune des poches de ses costumes se trouve un petit trou dans lequel vient se loger la pointe du stylo qu’il oublie toujours de rebouchonner après avoir corrigé des copies. Que les manches de ses chemises sentent toujours le lait de coco et le safran, sans doute parce qu’il les fait tremper par inadvertance dans le moqueca de banane plantain qu’il commande tous les lundis au Digaê Bar & Bahia (non pas que j’ai googlé tous les restaurant bahianais du quartier, loin de moi l’idée). Un mordu de moqueca qui partage sans le savoir son intimité avec moi entre tous, une bahianaise expatriée à São Paulo pour faire carrière comme chanteuse de blues – et montant les échelons de ma carrière imaginaire en tant que détective de blanchisserie. Si on n’a plus le droit de rêver…

Un prof qui aime le vin, le moqueca et les femmes. Sans doute un séducteur. Je suis sûre qu’il reluque ses étudiantes. Qu’il gesticule sans arrêt, expliquant je ne sais quelle théorie verre en main, en renversant le contenu sur ses vestes Zara – que personnellement je ne cautionne pas, rapport à l’esclavagisme, tout ça, même si je dois reconnaître que cette foutue marque sait y faire pour rendre un homme sexy. Un homme aux cheveux mi-longs, certainement. Sans doute bruns et bouclés, si j’en crois ceux que j’enlève tout le temps des épaulettes de ses costumes. Maintenant que j’y pense, ils tombent bien trop souvent pour quelqu’un qui doit avoir la trentaine. Est-ce qu’il se nourrit correctement ? Ce qui est sûr, c’est qu’avec une telle vie nocturne et consommation d’alcool, il ne doit pas dormir beaucoup. Est-ce qu’il ramène toutes ces femmes à son appartement ? Où habite-t-il ? J’ai regardé dans son dossier. Mais la seule adresse indiquée est celle de l’Université brésilienne de l’Enseignement. Je n’ai jamais vu un nom aussi général. Peut-être qu’Ale Carvalho porte des costumes hors de prix pour compenser un échec universitaire apparent. Et ça marche. Toutes ces conquêtes féminines… La fille aux cheveux lisses est-elle une de ses amantes ? Ou seulement une malheureuse étudiante qui pensait accéder à une nouvelle étape dans la vie alors qu’en réalité elle s’occupe de corvées pour son prof qui lui répète toujours que c’est comme ça qu’on « se forge le caractère » ? Le culot de ce type !

Je ne suis pas le genre de femme qui fait des choses pour les hommes. À moins qu’ils me paient pour ça. Avec un contrat en bonne et due forme, une prime à Noël et un mois de congés payés qui me permettrait de terminer l’enregistrement de mon album, auquel je travaille depuis exactement 4 ans. Mais je vous jure que ça fera un carton. Tube après tube. Je chante un amour que je n’ai jamais vécu, du moins pas hors de ma tête. Mais un amour imaginaire est celui qui nous fait vraiment jouir – parce qu’il ne va pas venir tout gâcher après que vous ayez baisé en se ramenant à un repas de famille avec votre cousine. Non, l’amour que je n’ai jamais connu, c’est l’amour parfait. L’amour paulistano, fou, ivre, rapide, avec un début, un milieu et une fin, mais sans date d’expiration à la vie qu’il vit pour toujours dans notre esprit, dans ce petit coin de notre cerveau réservé aux étincelles d’un jour d’été. Qui nous maintient en vie les 364 jours restants de l’année.

J’ai tellement envie de jouir.

Ça fait plusieurs mois. J’ai tellement envie de me frotter la chemise d’Ale Carvalho sur tout le corps pendant que mon boss est trop occupé à crier sur Jinho au sèche-linge. Envie de me frotter à cette manche par laquelle ses doigts sont passés tout ramassés sur eux-mêmes parce qu’il n’ouvre jamais ce putain de bouton de manchette. La passer sur mes cheveux, ma poitrine, ma chatte. Laisser dépasser mes doigts de la manche comme si c’était les siens et qu’ils savaient exactement où se trouvent tous les points A, B, C, D, E, F, G en moi. Embrasser son col sur lequel la nuit dernière a laissé une odeur boisée, ainsi qu’un parfum plaisant de sueur caractéristique des mecs qui ne bâclent pas les préliminaires. Qui savent ce qu’ils font. Aiment ce qu’ils font. Le genre d’homme qui dit à une femme qu’elle est la plus belle qu’il ait jamais— non, pas belle, sexy. La plus sexy qu’il ait jamais vue. D’une honnêteté brute. Ridiculement séduisant. Comme seul un mec qui porte une cravate en soie à motif en est capable.

— Dolores, tu peux venir aider cette dame ? braille Lucinha alors que je finis de suspendre la dernière série de vêtements d’Ale Carvalho au convoyeur : son costume en lin noir habituel, trois chemises blanches en chambray, cinq caleçons gris chiné 100 % coton et, étrangement, un haut de sport en nylon marron – je le retrouve tout le temps dans ses affaires, mais je n’ai aucune idée d’à qui il appartient.

Je me précipite vers l’ordinateur et ouvre les fichiers clients.

— Bonjour. Vous avez votre numéro de commande ?

Elle me dicte les chiffres et je les entre dans l’ordinateur. Le système trouve automatiquement la commande : Ale Carvalho. 1 costume, 3 chemises, 5 caleçons, 1 haut. Je regarde la femme qui est venue chercher le tout. La trentaine. Des lunettes de soleil. Cheveux sombres et bouclés relevés en queue de cheval. Une chemise noire pour homme 100 % coton qui taille trop grand sur elle. Un jean vintage bleu foncé, sûrement acheté en friperie – coupe droite, masculine. Des bottes en cuir d’importation étrangère, récemment lustrées. Une tenue branchée pour quelqu’un qui ne travaille pas un lundi. Quel genre de personne a ses lundis de libres ? Ce n’est certainement pas la fille minuscule aux cheveux lisses qui vient toujours chercher les vêtements d’Ale Carvalho.

— Elle est où, Cheveux-lisses ?

— Qui ça ? (Bottes-de-cuir ne comprend pas ma question qui sort de nulle part.)

— La fille qui vient chercher les vêtements pour lui d’habitude.

Bottes-de-cuir me fixe d’un air perplexe.

— Écoutez, je suis pressée.

— Bien sûr, pardon. Au temps pour moi.

Je décroche les vêtements et les dépose dans un sac sur le comptoir. J’observe l’expression impatiente de Bottes-de-cuir qui se tient de l’autre côté. C’est maintenant ou jamais.

— Désolée si j’ai l’air d’insister lourdement, mais il ressemble à quoi ?

Bottes-de-cuir me dévisage à nouveau, un point d’interrogation dans le regard. Elle décide de m’ignorer et de récupérer les vêtements.

— Merci.

Mais je retiens le sac en le tirant vers moi. Je ne peux pas laisser passer ma chance.

— Je veux dire, qu’est-ce qu’il te dit pour que tu viennes ici chercher ses affaires ? Est-ce que c’est les repas du mardi soir ? Le parfum boisé ? La façon pseudo-intellectuelle dont il parle en cours ? Il enseigne quoi, d’ailleurs ? J’aurais dit droit ou une connerie du genre, d’après les costumes en lin. La plupart des gens s’en foutent et achètent des costumes en polyester qui se détendent au niveau des jambes.

— C’est qui, « il » ?

Mais mon cœur bat trop fort pour que je l’entende. Mon dieu, je vais passer pour une grosse perverse et sans doute me faire virer mais il faut que je sache.

— C’est parce qu’il embrasse bien ?

— Qui embrasse bien ? De qui vous parlez ?

— Ale Carvalho.

Son regard se pose sur moi. Puis sur les costumes. Revient sur moi. Quelque chose qui m’échappe fait tilt dans son esprit. Bottes-de-cuir explose de rire – un rire si délicieux que ça en est agaçant. Elle découvre de grandes dents blanches qu’encadrent des lèvres pulpeuses sans la moindre touche de rouge à lèvres, pas de Rouge-à-croquer ni de Nude-pas-nue.

Les lèvres d’Ale Carvalho sont-elles aussi pulpeuses ? Est-ce que Bottes-de-cuir et lui forment une union parfaite de bouches étroitement coordonnées quand ils s’embrassent ? Je trouverais ça surprenant, vu qu’elle ne ressemble pas vraiment au type « joli minois ex-mannequin chez Gucci ».

— C’est exactement ça, répond-elle d’un ton moqueur.

Je rougis et elle rit de plus belle. Je ne sais pas pourquoi. Si je m’attendais à une quelconque clarification concernant ma soudaine humiliation publique, visiblement c’est raté. Me voilà promue du rang de détective de blanchisserie à blanchisseuse perverse. C’est confirmé : on devrait vraiment arrêter de rêver.

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La machine imprime automatiquement le reçu. Mais je ne bouge pas d’un pouce. Bon sang… quelle humiliation. Bottes-de-cuir se rend compte que je ne suis pas prête de lui tendre le reçu, que pour l’heure je suis paralysée par la torture de mes propres pensées.

Elle sort un stylo de la poche de sa chemise. Un stylo débouchonné, dont la pointe rentre pile dans un minuscule trou de sa poche. Elle signe le reçu avec ce foutu sourire digne des peintures de la Renaissance. Son menton forme une symétrie parfaite avec ses pommettes hautes et son front lisse. Pour qui se prend-elle ?

— Écoutez, que les choses soient claires, je n’en ai pas après lui ou quoi.

Elle m’observe, clairement amusée.

— Vous devez comprendre que mon boulot est chiant à mourir, avec pour seule distraction les moments où Jinho coince un vêtement en satin dans les pales du séchoir, ou quand j’arrive à faire disparaître une tache sur un caleçon en moins de 30 secondes. Donc, vraiment, ne vous faites pas de bile. Ale Carvalho est et restera pour moi le fruit de mon imagination.

— Droit constitutionnel, mais vous étiez pas loin, dit-elle, l’air presque impressionnée.

Quand va-t-elle arrêter de penser que je suis complètement stupide ?

Elle jette un œil aux vêtements dans le sac.

— Merci pour les sous-vêtements. Le flux est parfois abondant.

Le flux ? Quel flux ? Celui des hémorroïdes saisonniers qui éclatent religieusement une fois par mois ?

— Quant aux chemises, c’est parfait.

— Le Cabernet Sauvignon est un bon choix, mais dîtes-lui de faire attention à l’avenir s’il blablate avec un verre dans la main. Ou plutôt ne dîtes rien. Sinon je me retrouverai au chômage.

Elle rit, me regarde avec curiosité.

— Vous êtes très douée. Bientôt vous arriverez à deviner ma solvabilité juste à partir des marques.

Quel rapport entre Bottes-de-cuir et les marques de fringues d’Ale Carvalho ?

Elle se rend compte de ma confusion et sort une carte de sa poche.

— Ça fait combien ?

Je me secoue, regarde l’écran et lui donne le prix. Elle me tend la carte de crédit. Le nom d’Ale Carvalho est écrit dessus.

Wow. Ils sont intimes.

J’essaie de la jouer cool, mais j’ai quand même l’air d’une stalkeuse :

— Vous êtes ensemble depuis combien de temps ?

— Heu, 31 ans, j’imagine. Trente si l’on décompte le temps que j’ai passé dans le ventre de mamère.

Elle fait de l’ironie. Je me sens super gênée.

— Oh mon Dieu. Ale Carvalho est votre père ? Je suis désolée.

Elle éclate de rire une fois de plus, avec ce sourire si magnifique qu’on ne peut pas s’empêcher de le détester. D’habitude je ne suis pas du genre à remarquer le sourire d’une femme, à part pour le comparer au mien. Qu’est-ce qui m’arrive ? Et qu’ai-je dit de si drôle que je me trouve tout à coup secourue de ce job insalubre par un talent de comédienne née ?

— Vous êtes mignonne.

J’ai conscience que ce commentaire condescendant devrait m’agacer prodigieusement. Mais mon corps a décidé de réagir à sa façon et j’en frissonne de partout. Même au niveau des poils non existants derrière mes genoux.

— Ce qui est sûr, c’est que je viendrai chercher mes vêtements ici plus souvent.

« Mes vêtements » ?

Et là — c’est le déclic.

Prof de droit constitutionnel.

Flux menstruel.

Ma solvabilité.

Bottes-de-cuir observe l’avalanche d’émotions qui s’affichent sur mon visage comme si j’étais spectatrice d’une mauvaise série télé. Naze et prévisible, mais impossible à lâcher.

Elle rit une dernière fois avant de se diriger vers la sortie.

— À lundi prochain, Dolores.

Et c’est ainsi que j’ai regardé Ale Carvalho sortir de la blanchisserie Raio de Sol.

Connaissant mon prénom.

Me trouvant mignonne.

Et avec la promesse qu’elle reviendrait.

De toute ma vie, jamais je n’ai eu autant envie de voir de quoi une femme aurait l’air dans une costume d’homme.

Nanas aux lèvres Rouge-à-croquer et Nude-pas-nue, comme je vous comprends en ce jour d’été scintillant. Je suis vous.

Et ce que nous sommes, c’est lamentablement amoureuses.

J’ignore à quel moment mes jambes ont décidé de prendre le contrôle de mon corps alors que mon cerveau me hurlait de fourrer ma tête dans un sac plastique et de mourir par suffocation sous le comptoir.

J’ignore à quel moment elles se sont mises à courir derrière Ale Carvalho, qui entre temps avait atteint le coin de la rue, portant son sac de vêtements, se dirigeant vers le Digaê Bar & Bahia qui se trouvait à exactement 100 mètres de la blanchisserie.

Et comment Ale Carvalho pouvait-elle manger un moqueca de banane plantain avec ses habits fraîchement lavés sur l’épaule si elle était incapable de déguster l’impeccable cuisine bahianaise sans s’en mettre partout ? Il faut que je la sauve d’elle-même et mes jambes le savent.

Ou peut-être leur fallait-il une excuse pour que je me sente moins stupide.

Même si je n’avais jamais couru après une femme auparavant.

Même si, de toute ma vie, je n’avais jamais eu envie de tout savoir d’une femme.

Même si, de toute ma vie, jamais je n’avais eu autant envie de sentir les lèvres pulpeuses d’une femme sur les miennes.

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