Fiction

Nous avons été mariés

Inspiré de faits réels

27/05/2022

Dans un café, un couple divorcé se retrouve. L'occasion de refaire l'histoire de ce mariage raté en attendant. Mais en attendant quoi d'ailleurs ?

— Qu’est-ce qu’on avait dans la tête ? demande-t-elle, les yeux fixés sur sa tasse de café, le visage pincé de mépris.

— C’était les années 80, dit-il, fixant la même tasse, un sourire en coin sur les lèvres. On était jeunes.

— Mais on était amis, de si bons amis, ajoute-t-elle, la voix encore marquée par l’injustice de la situation. Je t’ai prêté de l’argent pour ta dernière année d’étude, je cuisinais pour toi et tes colocs, et on parlait de tout, tu te souviens ?
Elle lève les yeux de sa tasse pour lui demander :

— Qu’est-ce qui nous est arrivé, hein ?

— On croyait tellement bien se connaître, tout le monde voulait savoir pourquoi on n’était pas encore mariés, répond-il, avec un haussement d’épaule, jetant un coup d’œil par la vitre sur la froide nuit d’hiver. L’amour prend le pas sur tout. C’était les années 80 et quand tu es amoureux dans les années 80, tu te maries. Et c’est ce que nous avons fait.
Son regard retourne à la tasse et le sourire amer à son visage.

— Et puis on a arrêté de se comprendre, conclut-il.

— L’amour prend le pas sur tout, répète-t-elle en écho, se passant les mains sur son cou serré dans un col roulé pour se soulager d’un nœud, et levant les yeux sur lui pour la première fois.
Il se redresse et la regarde droit dans les yeux :

— Mais tu es tombée à nouveau amoureuse, dit-il, avant que son regard ne puisse de nouveau s’échapper vers la tasse de café.
Elle est trop abasourdie par la question pour pouvoir y répondre. Elle prend la tasse des deux mains et la porte à ses lèvres, les yeux fermés. Il se demande s’il n’a pas été trop dur alors il ajoute :

— De quelqu’un de bien.

Elle a à peine terminé sa gorgée qu’elle répond, le goût doux-amer encore dans la bouche :

— Bien sûr que c’est quelqu’un de bien. Je ne t’aurais pas quitté pour lui sinon.

Un automobiliste se met à klaxonner à plusieurs reprises dans l’allée, les deux se tournent pour regarder les phares clignotants à travers la vitre.

— Je plaisante cher RMD, je ne fais que plaisanter.

Sa voix devient distante.

— Je t’ai quitté il y a longtemps, dit-elle en se tournant pour regarder les deux conducteurs blancs qui s’invectivent sous la neige, leurs vociférations étouffées par la vitre.

Elle se retourne vers lui et voit qu’il n’a pas cessé de la regarder. Elle se sent obligé d’expliquer :

— On était des jeunes trentenaires à l’époque, tu enseignais dans cet IUT paumé et pendant des mois, on couchait n’importe où, n’importe quand. »

A ce souvenir, il sourit à sa propre tasse :

— On se laissait des petits mots partout. Et quand l’un d’entre nous en trouvait un, on devait arrêter immédiatement ce qu’on faisait pour se retrouver sur le lieu indiqué sur la note.

— Dans le cagibi, le lavage auto, la réserve de la cantine, ricane-t-elle.

— Je me souviens qu’un de mes étudiants a trouvé sur mon bureau ta note sur la réserve, dit-il en s’étouffant de rire. J’ai dû lui expliquer que…

— Oh mon Dieu, arrête, supplie-t-elle, rigolant désormais aussi fort que lui.

— Dans la salle de bain, dans le débarras de la chorale…

— Oh mon Dieu, on l’a fait dans l’église de St. Tansi ?

Il hoche la tête, ses mains à elle volent jusqu’à sa bouche

— Oh mon Dieu

— Dans la salle d’étude….

— … De la bibliothèque ! Je n’arrivais jamais à comprendre pourquoi tu me laissais tout le temps la note pour la bibliothèque.

— C’était un lieu calme et tranquille.

— C’était censé l’être, du moins ! rétorque-t-elle, en secouant la tête. C’est juste que tu adorais enfreindre la loi.

Il hausse ses épaules, ce sourire d’adolescent sur les lèvres dont elle comprend à présent qu’il l’emportera dans la tombe.

— J’aimais enfreindre la loi avec toi.

— Bref ! dit-elle un peu trop fort. Bref, j’époussetais ces cousins de nôtre petit appartement à Obalende et puis j’ai vu une note pour la bibliothèque, ou est-ce que c’était la cuisine ?

Ses yeux se perdent sur le plafond, l’air d’y chercher une réponse

— Non, c’était bien la bibliothèque. Tu choisissais toujours la bibliothèque. En tous cas, ça m’excitait, comme toujours.

Il lève les yeux au ciel.

— Je te le jure. À chaque fois. Arrête RMD, tu sais que j’adorais les surprises. Mais bon, même si j’étais très excitée ce jour-là, je me souviens que je me sentais quand même un peu triste car ce n’était plus vraiment une surprise. Je me réveillais tous les matins en sachant qu’un mot avec un lieu où faire l’amour allait se présenter, soit de mon fait soit du tien. Et que ton mot indiquerait toujours cette bibliothèque universitaire.

— On a aussi été à la Bibliothèque de l’État, dit-il avec une grimace.

— Une bibliothèque reste une bibliothèque ! éclate-t-elle. Ce n’était même pas la monotonie de notre spontanéité qui m’avait ennuyée, c’était…

Elle regarde sa tasse à nouveau et elle avoue :

— C’était la forme de ton truc.

Les yeux de l’homme se plissent jusqu’à ce qu’ils ressemblent à des fentes.

Elle continue sur un ton mi-amusé mi-désolé :

— Allez, tu sais de quoi je parle !

— Tu disais, bégaye-t-il avant de siroter son café, les yeux encore fixés sur elle. Tu disais qu’il te plaisait bien “comme ça”.

Il pose sa tasse et pousse un soupir vers son “truc”:

— Les femmes

— Mais oui, il me plait.

Les sourcils de l’homme se lèvent.

— Ne fait pas l’idiot, je veux dire, il me plaisait bien, hein. Mais les femmes gèrent toutes ces choses de manière différente des hommes. Ce jour-là, pendant que j’époussetais ces coussins poussiéreux, je me suis rendue compte que je passerais toute ma vie à être besognée par ce truc incurvé dans de drôles d’endroits.

Tout le monde les regardait maintenant, leur rappelant qu’ils étaient Nigérians. Et probablement les seuls dans ce coffee shop américain.

— Tu voulais donc quelque chose de différent, comment-t-il d’une voix sèche. Tu aurais pu me dire, merde, j’aurai pu laisser notre voisi, celui que tu reluquais toujours, t’avoir quelques jours. A cet époque-là, je t’aimais si fort que j’aurais fait ou je t’aurais laissé faire n’importe quoi pour être heureuse, du moment que tu étais heureuse avec moi…

Il se penche sous la table, lance un regard sur le côté puis de nouveau vers elle, pointant un droit sur son torse :

— Avec Moi ! Je voulais que tu sois heureuse avec moi.

Elle sursaute. Tout le monde dans leur pays d’origine disait qu’ils étaient devenus trop américains dans la façon dont ils parlaient et s’habillaient et même les Nigérians aux États-Unis s’habillaient d’une manière facilement identifiable. Elle croyait que tout cela n’était que des absurdités, mais maintenant en observant son comportement, elle se demande combien de Nigérians de au pays seraient d’accord de de partager leurs femmes avec d’autres hommes si cela les rendait heureuses. Elle préfère ne pas trop s’attarder sur cette idée.

— Ce n’était pas que ça, il y avait d’autres choses ! objecte-t-elle. Comme par exemple, la façon dont tes étudiants te traitaient dans cet endroit, la terreur des sectaires, tu te souviens de ce qu’ils ont fait au voisin que tu m’accuses de reluquer presque 20 ans plus tard, hein. Et tu ne voulais jamais partir. Je savais… On savait tous les deux que tu aurais pu trouver un meilleur poste de maître de conférences aux Etats-Unis, mais tu insistais pour rester dans ce bidonville. Quant au truc…

Elle a roulé les yeux et il a failli s’esclaffer en voyant à quel point c’était ridicule qu’elle roule les yeux à son âge.

— Je n’ai jamais réussi à trouver un homme qui n’avait pas un truc courbé, admet-elle.
Elle regarde par la vitre la neige qui tombait dehors et frémit :

— Je pense que celui avec qui je suis maintenant est le pire. J’ai vraiment envisagé de revenir vers toi après le deuxième type, dit-elle d’une voix éteinte. Je n’étais juste pas sûre que tu me reprendrais J’étais ton premier amour. J’ai tout gâché avec toi.

— Je t’aurai reprise.

Il y a eu un long moment de silence et la chute de neige s’est intensifiée prenant presque le pas sur la nuit. Elle a fini son café.

— Dieu soit loué, je suis amoureuse maintenant.

Son sourire en coin refait son apparition alors qu’il fait tourner la cuillère dans sa tasse vide

— Après combien d’entre nous ?

Elle en rigole si fort qu’elle se couvre le visage de peur d’attirer les regards réprobateurs. Elle lâche dans un gloussement :

— Quatre

Quand son rire se dissipe, elle demande d’une voix plus sérieuse :

— Et toi combien ?

— Personne

— Menteur

— Tu viens d’admettre que tu avais gâché l’amour pour moi.

— Quel mensonge ! Vous les hommes, vous êtes différents. Vos corps ne peuvent juste pas…

Elle fendit l’air d’un geste de frustration.

— Vous êtes des hommes ! finit-elle par lâcher, La jumelle de ma mère.

— Tantine Obiageli.

— Oui, tu te souviens que je t’ai dit l’année passée qu’elle est morte alors qu’elle est en train de se rendre au deuxième mariage de son fils ?

— Oui, oui, je me souviens. J’ai parlé avec lui au téléphone. Ils ont dû reporter le mariage.

— Exactement, dit-elle, les yeux éclairés d’une lueur vive, sa première femme n’était pas morte depuis deux semaines, qu’il en avait déjà trouvé une nouvelle et que la date du mariage traditionnel était fixée. Après avoir enterré sa mère, il n’a attendu qu’une semaine avant de reprogrammer la cérémonie de mariage. Quand je l’ai interrogé sur sa précipitation il m’a dit : “Hé tantine, avec toutes ces choses qui me sont arrivées là, j’ai besoin de réconfort”. Mais, je me suis demandé qui avait réconforté sa mère pendant les quarante ans qui ont suivi la mort de son père. Après lui, aucun homme, aucun autre homme – et son fils peut en témoigner – n’a franchi la porte de sa chambre.

Elle sourit de la voir secouer la tête, elle sait bien qu’elle a gagné :

— Donc ne viens pas de me dire que j’ai gâché l’amour pour toi. Je connais bien les hommes.

— Ok. Tu as gagné, mais celle-là, elle ne compte pas.

— Vas-y, raconte, raconte !

— Il y a eu une fille.

— Seulement une fille ? dit-elle, en faisant non de la tête. Je ne te crois pas.

— D’accord, changeons de conversation, alors.

— Non, non, Je te crois ! Allez, raconte-moi, s’il te plaît, raconte, supplie-t-elle, lui prenant les mains de l’autre côté de la table.

— C’était une de mes étudiantes.

— Ha !

— C’est fini, je me tais.

— Non ! S’il te plaît, je te jure, je me tais maintenant. Bouche cousue. C’était dans quelle fac ?

C’était pendant tes années d’université, j’en suis sûre.

— Comment peux-tu être si sûre ?

— Tu ne m’aurais jamais trompé. Et quand on a rompu, tu as quitté l’IUT pour être maître de conférences à ABU Zaria. C’était là-bas ?

— Non, dit-il regardant vers sa tasse, c’était à Berkeley. Avec une Blanche. Elle avait vingt ans à l’époque.

— Quoi ! s’exclame-t-elle de s’excuser avant de le fixer dans les yeux. Bouche cousue.

— Je ne recherchais vraiment rien, tu sais. D’abord je croyais qu’elle était trop jeune. Après quand je suis passé outré ça, j’ai pensé que c’était quelque chose liée à la race. Je suis sûr que tu te souviens de la façon dont les Blancs se comportaient à cette époque, quand tu venais d’arriver… Est-ce que je peux vous aider avec ça ? imite-t-il d’une voix aiguë. Vous allez quelque part ? Vous êtes perdu ? Tu vois ?

Elle rit, lui sourit. A sa tasse. Cela faisait du bien d’entendre son rire à elle.

— Mais après, je n’étais pas afro-américain. Je me suis même mis à fuir les syndicats de conférenciers panafricains et les associations des “Africains de la Diaspora” à la con, ricane-t-il.

— Viens-en au fait, RMD.

— Et bien, c’est ça le fait.

— Quoi ?

— Elle avec le béguin pour RMD.

— Quoi !

— Son coloc nigérian a ramené une de ses cassettes du pays et en un rien de temps, tout le département a commencé à m’appeler RMD, dit-il levant les yeux de sa tasse, avec tel un éclair de haine dans le regard qu’elle en tremble. Tu n’aurais pas dû lancer ce surnom. Je t’avais dit que ça allait rester.

— Ce n’est pas ma faute ! Tu lui ressembles, demande à n’importe quel Nigérian. Maintenant que j’y pense, rigole-t-elle, tu lui ressembles à tous les âges. Et vous avez les mêmes initiales.

Il faut blâmer tes parents pour ça, pas moi. Bref Joor, continue.

— J’avais la trentaine, d’accord ? Bref, mon seul problème était le fait qu’elle voulait me garder après s’être mariée avec un beau et jeune vétérinaire. Elle m’appelait son “obsession africaine”

— Quoi ! exclame-t-elle alors qu’une serveuse avec des taches de rousseur sur son visage pâle et poupin s’arrête à leur box.

— Auriez-vous besoin d’autre chose ?

— Non, répondent-ils en chœur avant de se regarder et d’éclater de rire.

— Non merci, ajoute-t-il aussitôt qu’il arrive à parler.

La fille, qui n’a pas plus de dix-huit ans, donne l’air de souffrir d’un accès de constipation.

— Bon, c’est juste mon patron… C’est que ça fait plus d’une heure maintenant que vous êtes ici et vous n’avez commandé que deux tasses de café sans sucre, donc…

— Et donc ? coupe-t-elle, on a été mariés.

L’homme soupire.

— Je comprends. Mais mon patron se demandait si…

— Donnez nous deux tasses de café de plus, intervient-il, effleurant le bras la serveuse sur le bras, un sourire conquérant sur les lèvres. Ça ira ?

Elle fait oui de la tête avec un sourire empli de gratitude, fixe brièvement la femme avant de débarasser les tasses et de s’en aller, sa queue de cheval au vent.

— Tu fais encore ce truc-là, alors ? dit-elle le visage tourné vers la vitre, observant la chute de neige qui a perdu de son intensité

— Quel truc ? demande-t-il de bonne foi.

— Laisse tomber.

Le silence reprend ses droits, leurs visages tournés vers la votre. La chute de neige a cessé. Un jeune homme noir, ses jumeaux métis – ou de jumelles, impossible de savoir à cette distance – et sa femme blanche enceinte jusqu’au cou sortent d’un fourgon bleu et se dirigent vers le café, tous momifiés dans bonnets de laine, parkas et bottes assortis. Ils les regardent devenir de plus en plus grands jusqu’à ce qu’ils disparaissent brièvement de son champ de vision avant de réapparaître dans le café. Il sent une odeur de la fumée quand l’homme passe devant lui puis une bouffé de vanille quand que la femme pousse les enfants à sa hauteur. Ce sont donc des garçons.

— J’ai toujours cru que tu m’avais quitté pour l’Amérique, fait-il.

— Quoi ?

— J’ai toujours cru que tu m’avais quitté pour tes rêves américains.

Elle sourit triste, regardant encore à travers la vitre.  La serveuse leur a apporté les tasses de café, elle essaie de lui sourire de l’air de vouloir s’excuser mais la serveuse a déjà tourné les talons alors se tourne vers le camion Chevrolet couleur bronze qui vient de se garer dans le parking. Leur fille descend du camion, ferme la porte derrière elle et tend les bras vers le garçon blanc qui a surgi du siège conducteur. 

—  Maintenant, l’Amérique nous a tous les deux.

‘What were we thinking?’ she asked, her eyes fixed on her mug of coffee, face pinched with disdain.

He stared at the same cup with a rueful smile ‘It was the eighties,’ he said ‘we were young.’

‘But we were friends, such good friends’ her voice was still raw from the unfairness of the whole thing ‘You borrowed me school fees money for final year, I used to come and cook for you and your housemates, and we talked about everything, remember?’ she looked up from the cup to his eyes ‘What happened to us?’

He shrugged ‘We thought we understood each other so well and everybody wanted to know why we were not married already’ he looked out the glass screen into the cold wintry night ‘love obliterates everything. It was the eighties and when you are in love in the eighties you get married. So we did’ his gaze returned to her cup and the bitter smile to his face ‘then we stopped understanding’.

‘Love obliterates everything’ she echoed, gently wringing a knot out of her neck encased in purple turtle neck with both hands, looking at his face for the first time.

He sat up and looked at her square in the face ‘But you’ve fallen in love again’ he chased her eyes down and caught it before it could escape into the cup of coffee. She was too stunned at the question to reply. She took the cup in both hands and brought it to her lips, eyes shut. He considered perhaps he’d been too harsh so he added ‘with a nice man.’

She barely swallowed before replying, some of the bitter sweetness still in her mouth ‘of course he is nice, or else I would not have left you for him’ some driver started horning repeatedly in the driveway and they both turned to look through the glass screen at the flashing headlights ‘I am just joking o RMD I was just joking’ her voice grew distant ‘I left you a long time ago’ she turned to look at two white drivers shouting now at each other in the snow, vituperations muffled by the glass. She returned to his face and found him looking at her. She felt she had to explain ‘It was in our early thirties, that time you were teaching in that God-forsaken polytechnic, those months when we had sex all over the place.’

He smiled at his own cup remembering ‘we left notes everywhere. When one of us found a note we’d immediately stop what we were doing and meet at the location in the note’ she giggled ‘office cleaning, car wash, kitchen appliance. I remember one of my students found your kitchen appliance note on my desk’ he was breathless with laughter ‘I had to explain-’

‘O my God stop!’ she was laughing too.

‘-bathroom shower, choir store room-’

‘O my God we did it in St. Tansi?’ he nodded and her hands flew to her mouth ‘O my God.’

‘-Library study-’

‘I could never understand why you left the Library note for me all the time.’

‘It was a peaceful quiet place.’

‘As it was supposed to be!’ she shook her head ‘You just loved breaking the law.’

He shrugged with his adolescent smile that she now realised he will carry to the grave ‘I loved breaking the law with you.’

‘Anyway!’ she said a bit too loud ‘anyway I was dusting those cushions in our small apartment in Obalende and then I saw a note for Library, or was it Kitchen?’ her eyes flew to the ceiling for an answer then returned ‘No, it was Library. You always chose Library. Anyway I was excited as usual,’ he rolled his eyes ‘I was. Every time. Come on RMD you know I always loved surprises. Anyway even though I was excited that day I remember feeling a little sad that it wasn’t really a surprise anymore. I woke up every morning knowing a note with a venue for love will happen to me either by my doing or yours. And yours will always be that school library.’

He grimaced ‘but we went to the State Library once.’

‘A library is a library!’ she snapped ‘it wasn’t even the monotony of our spontaneity that bored me in the end, it was well,’ she looked out the glass again ‘the curve of your thing’ his eyes narrowed into slits and she continued in a half-amused half-apologetic voice ‘you know what I’m talking about!’

‘You said,’ he took a sip of his coffee, eyes still on her ‘you said you liked it’ he dropped his cup and sighed at it and said ‘women’.

‘I do!’ his eyebrows flared ‘I mean sorry don’t be silly, I mean I did. But women process all these things differently from men. As I dusted those dusty cushions that day it dawned on me that I will spend the rest of my life being bludgeoned by that curved thing in weird places.’
Everybody was looking at them now so that they were reminded that they were Nigerians. Probably the only ones in this American coffee shop.

‘So you wanted something different,’ his voice a harsh whisper ‘well you could have just told me, hell, I could have allowed that our he-goat neighbour that you were always ogling at have you for some days, those early days I loved you that much, would have done or let you do anything to be happy, so long as you were happy with me…’ he bent low over the table and glanced sideways then turned to her and pointed his right hand to his chest ‘me! I wanted you to be happy with me.’

She was startled. Everyone back home was saying they had become too American, in the way they talked and the way they dressed, that even Nigerians in America dressed in a way you could easily identify. She had thought all that was rubbish, but now listening to his outburst, she wondered how many Nigerian men back home would be happy to share their wives with other men if it made the wives happy. She didn’t dwell on the thought too long.

‘It wasn’t just that, there were other things! Like the way your students treated you in that place, the terror of cultists, remember what they did to the neighbour you are accusing me of ogling at almost two decades later eh. And you never wanted to leave. I knew, we both knew you could get a better lecturing Job in the US but you insisted on staying in that shanty town. As for the thing…’ she rolled her eyes and he almost laughed at how ridiculous it was that she was rolling her eyes at her age ‘well I haven’t not met any man after who didn’t have a bent thing’ she looked out the glass screen at the light snow falling outside and shuddered ‘I think the “Good Guy” I’m with now is the worst. I really started thinking of coming back to you after the second guy,’ her voice grew small ‘just wasn’t sure you would take me back, I was your first love, I ruined love for you.’

‘I would have taken you back.’

There was a long moment of silence and the snow fall increased outside, almost obliterating the night. She finished up her coffee.

‘Any way thank God I am in love now.’

His wry smile returned as he stirred the teaspoon in his empty cup ‘after how many of us?’
She laughed so loud that she had to cover her face for fear of attracting the crowd’s angst again ‘four’ she said giggling. When her laugh subsided she became serious ‘you, how many?’

‘None.’

‘Liar.’

‘You just admitted that you ruined love for me.’

‘Is a lie! You men are different, your bodies cannot just-’ she wringed the air in frustration ‘you are men!’ she finally let out ‘My mother’s twin sister…’

‘Aunty Obiageli.’

‘Yes, remember I told you last year that she died on her way to her son’s second wedding?’

‘Yes, yes, yes I remember, I talked to him on the phone. They had to postpone the wedding.’

‘Exactly!’ her eyes were lit ‘His first wife had not been dead for up to two weeks when he got a new one and a traditional wedding date was set. After burying his mother he waited for just one week to resume his second wedding ceremony. When I questioned him about the rush he said “Aunty eh, all this things that have happen to me I need comfort” but I asked myself, who comforted his mother for those forty something years after his father died? After his father no other man, and he can testify to this, no other man crossed her bedroom door,’ she smiled as he shook his head, knowing she had won ‘so don’t tell me anything about ruining love for you. I know men very well.’

‘Fine. You win but this one doesn’t qualify as anything.’

‘Tell me, tell me, tell me!’

‘There was one girl.’

‘Just one girl?’ she shook her head ‘I don’t believe you.’

‘Fine, we can change the topic.’

‘No, no, no I believe you please tell me,’ she grabbed his hands across the table ‘tell me!’

‘She was one of my students.’

‘Ha!’

‘I’m not talking again.’

‘Please I swear I will be quiet now. My mouth is zipped. Which university? I am sure it was from your university days, I’m sure.’

‘Why are you so sure?’

‘You will never cheat on me. And once I left you left the polytechnic to lecture in ABU Zaria. Was it there?’

‘No’ he looked at the mug ‘Berkeley. A White girl. Twenty at the time.’

‘What!’ then she caught his eyes and apologised ‘My mouth is zipped.’

‘I wasn’t really looking for anything you know. And at first I thought she was too young. When I got over that I thought it was a race thing. I’m sure you know how whites behaved in those days when you first got here…’ he intoned a whiny voice ‘Can I help you with that? Are you going somewhere? Are you lost? You know?’ she laughed and he smiled too. At his cup. It was good to experience her laugh ‘But then I wasn’t Black American, I even shunned those Pan-African lecturer unions and Africans-in-Diaspora shit.’

‘The point RMD.’

‘Well that’s the point.’

‘What?’

‘She had a crush on RMD.’

‘What!’

‘Her Nigerian roommate brought one of his video cassettes all the way from home and before long the whole department started calling me RMD,’ he looked up from his cup to her with such a brilliant flash of hatred in his eyes that she shivered ‘you shouldn’t have started that name. I warned you that it would stick.’

‘It is not my fault! You look like him, ask any Nigerian. Coming to think of it,’ she said laughing ‘you look like him at every age! And those are your initials. Blame your parents for that not me. Anyway joor, continue.’

‘I was in my 30s? Anyway my only problem was when she wanted to keep me after getting married to a fine young vet. Her ‘African obsession’ she called me.’

She exclaimed ‘what!’ and just then a waitress with freckles on her fresh pale face stopped at their booth ‘would you be needing anything more?’

‘No!’ they chorused. Then looked at each other and broke into laughter.

‘No thank you’ he quickly added as soon as he could speak.

The girl who couldn’t have been more than eighteen looked like she was suffering from a bout of constipation ‘well it’s just my boss-you’ve been here for more than an hour now and only ordered two cups of coffee without sugar so-’

‘So?’ interjected the woman. ‘We were married.’

The man sighed.

‘I understand. But my boss was wondering-’

‘Get us two more mugs of coffee’ he intervened, touching the waitress on the arm lightly and flashing the girl his most winning smile ‘is that okay?’

She nodded with a smile full of gratitude, locked eyes with the woman briefly before collecting the empty cups and walking away, her ponytail bouncing after her.

‘You still do that thing’ she said to the glass screen as the snowfall waned outside.

‘What thing?’ he genuinely wanted to know.

‘Never mind.’

They resumed their silence, both staring out the glass screen. The snow fall had cleared. A young black man, his mixed race twins whose genders couldn’t be guessed from the distance and his very pregnant white wife emerged from a blue truck and made for the coffee shop, all mummified in matching wool caps and parkas and boots. They watched them grow bigger and bigger until they disappeared briefly and appeared inside the coffee shop. He caught the smell of smoke when the man walked past, then a whiff of vanilla as the woman pushed the waist high twins past him. Boys he realised. ‘I always thought you left me for America.’ He said.

‘What?’

‘I always thought you left me for your American dreams.’

She smiled sadly, still looking out the glass screen. The waitress brought the cups of coffee and she tried to smile at her apologetically but the waitress turned on her heel and left. She sighed and said to him ‘Now America has both of us.’

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*Mini-série / Fiction 66 min.

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